7 secondes (2022)

Crédits

Mise en scène Julien Barbazin
Auteur Falk Richter  (édition l'Arche)
Création sonore Antoine lenoble
Scénographie et Lumière Douzenel

Avec Julien Jobert

Affiche Jean-Marie Carrel
Durée 50 min
Co-production  Cie Les Écorchés  / Festival de Caves

Dates

Juin 2023
Les 24 et 25 juin / Festival de la Cabrerisse - Saint-Laurent de la Cabrerisse (11220)
Le 5 juin 2023 / Théâtre en appartement - DIJON

Mars 2023
Du 14 au 18 mars / MJC Monchapet - Dijon

 

Juin 2022
02-03 /Besançon
05 / Montagny-Lès-Buxy
06 / Lux
07 / La Cluse-et-Mijoux
08 / Saint Claude
12 / Arc-et-Senans
13 / Montmirey-Le-Chateau
14 / Chambornay-lès-Bellevaux
15 / Besançon
20 / Pernand-Vergelesses

Mai 2022
17-18-19-20 / Dijon
27 / Mouthier-Haute-Pierre
28 / Gredisans

Création
Début mai 2022 Résidence de création au Théâtre Mansart.

Sept secondes-In God we trust raconte l’absurde quotidien d’un bombardier américain et la banalité du mal. Ce bombardier largue des bombes comme un adolescent passant ses journées devant sa console de jeux vidéo. Au même moment, dans le fond des États-Unis, sa famille, fière de leur père, leur héros, prépare un pique-nique et s’empiffre de donuts. Leur héros croit en la mission civilisatrice de la guerre et remercie Dieu chaque jour de combattre du bon côté.

Le regard d'un camarade

« L’écriture de Falk Richter s’articule et se déploie adossée au monde. En un temps où le théâtre est fasciné par le pouvoir de l’image et où les écrans vidéo fleurissent sur les scènes reproduisant l’attraction des spectateurs pour ces carrés de lumières incandescents, Richter raconte et met en perspective cette invasion de l’image en s’appuyant essentiellement sur la puissance de feu hollywoodienne.
Cet auteur est proche des milieux alternatifs berlinois et des plasticiens de sa génération et c’est pourquoi ces textes peuvent se lire et se décliner comme des performances, il emprunte des formes aussi bien à la télé-réalité qu’à Joseph Beuys.
Avec obstination il dessine un état du monde tel qu’on nous le montre, tel que les médias de masse nous le livrent avec ses manipulations et ses faux semblants.
Pour la génération de Richter, le point de fixation et le point de départ possible aussi pour une réinvention de notre imaginaire de demain, c’est la guerre en Irak et cette question brûlante pour l’Allemagne réunifiée de repartir en guerre 60 ans après la défaite nazie.
Nouveau départ ou bien début de la fin ?
Richter va alors décliner à travers plusieurs textes courts une critique de cette société du spectacle, en utilisant tantôt la farce tantôt le pamphlet.
Sept secondes s’attache au quotidien d’un pilote de l’aviation militaire américain qui largue des bombes sur l’Irak à la façon d’un adolescent qui passerait sa journée devant sa console de jeux vidéo. Au fin fond des États-Unis, sa femme et leurs enfants fiers de leur père préparent un pique-nique.
L’écriture est sèche et acérée, elle va à l’essentiel : un théâtre de l’absurde mis en scène consciencieusement par CNN et le Pentagone.
Il me semble passionnant de constater l’intérêt d’une jeune génération d’auteurs de théâtre pour un retour à un théâtre politique, militant, réinventant l’agit-prop sans nostalgie ou dévotion. »

Stanislas Nordey

A propos de LA FORME

Jusqu’où doit aller l’obéissance ? La guerre est-elle un jeu désincarné ? L’autre est-il moins humain que nous-mêmes, parce qu’il est lointain ? Un homme, dans un avion, perdu dans le ciel. Dans ses soutes, quelque chose de terrible, qu’il doit faire exploser. En dessous, l’inconnu : un désert, un village, une ville ? Des civils, peut-être.
Le sentiment, ensuite, de prise de conscience progressive. L’aviateur de 7 secondes-In God we trust n’est pas présenté frontalement au public ; il ne lui livre pas de réponses toutes faites – pour la simple et bonne raison qu’il n’en a pas.
Le doute, l’incompréhension, la peur, la colère, l’indifférence, la remise en question sont autant d’étapes que l’aviateur traverse, prisonnier dans sa mission. En bout de course, la seule interrogation qui compte : obéir ou ne pas obéir.
La réflexion, enfin, d’être face à la caricature réelle d’une réalité caricaturale. Dans son jardin, perdue quelque part au Texas ou dans le Colorado, la gentille-petite-famille-américaine s’installe devant la télévision pour regarder son show préféré : In God we trust, l’émission qui dit la vérité sur le monde et le président, sur les guerres que nous avons raison de mener, sur nos soldats qui se battent dans des pays dont nous ignorons le nom mais contre des gens qui sont forcément méchants. On imagine presque les majuscules qui légitimeraient ce point de vue. Et ce programme est celui d’un monde dans lequel nous vivons. Vraiment.
7 secondes-In God we trust est une pièce qui nous secoue à l’intérieur de nous-mêmes. Pour les minuscules déchirures qu’elle provoque dans notre vision du réel. Pour la remise en question nécessaire par laquelle nous devrions tous passer.
La guerre est-elle un jeu vidéo ? Que nous disent du réel ou de l'irréalité toutes les images de guerre auxquelles nous sommes soumis quotidiennement ?

Dans cette mise en scène prévue pour le Festival de Caves, nous partirons du principe que le personnage est un joueur de jeu vidéo, un geek, enfermé dans sa cave des heures durant. Nous nous rendrons compte au fur et à mesure que cet homme est le pilote d’un drone militaire qui lance réellement des bombes. Ce personnage, enfermé, menacé par l’extérieur, est totalement schizophrène, il entend des voix, quelqu’un lui répond, le relance, le réconforte, lui donne des ordres et cette voix est la sienne. Il est seul avec sa conscience et les méandres de sa culpabilité.

Nous jouerons sans cesse entre la situation anodine du jeune adulte enfermé dans sa cave pour jouer jusqu’à épuisement, menacé par l’introduction, la venue d’une tierce personne ; sa mère, sa femme ? Et le jeune soldat, pilote de drones, non loin du champ de bataille, peut-être menacé d’être découvert et en même temps larguant des bombes à quelques kilomètres dont il ne verra pas des dégâts occasionnés.

Le dispositif, relativement simple, se compose d’une table d’ordinateur, de deux écrans, d’un clavier et d’un micro de commande. Par le système son, nous pourrons envoyer la voix enregistrée de Julien dans différentes directions, nous serons à la fois en dedans et en dehors de Julien (voix directe/voix amplifiée/3 diffusions différentes avec des traitement sonores différents).

La lumière commence simplement avec un éclairage de bureau, deux petites lampes sur flexible concentrées sur le bureau. Elle se transformera doucement durant la totalité de la représentation jusqu’à devenir verte et remplir la totalité de la pièce, telle une vision nocturne des lunettes de militaire.

Julien sera vêtu d’un pantalon militaire type treillis militaire et d’un tee-shirt avec une illustration adolescente et un sweat à capuche. Derrière lui, sur le dos de la chaise, se trouvera une veste militaire assortie au pantalon, qu’il finira par mettre à la toute fin, le transformant en véritable soldat.

"Le devoir de l'art est de fracasser les consciences" L. Calaferte